Saône de Stalh, une artiste autodidacte

Publié le 16 Mars 2015 par Aude Challier

J'ai découvert il y a quelques mois une femme sculpteur avec des créations peu ordinaires qui ont attiré mon attention. Je vous invite aujourd'hui à partager son univers un peu particulier!

Saône a été baignée depuis son plus jeune âge dans la création artistique, notamment grâce à sa mère qui lui mettait à sa disposition de nombreux matériaux et supports pour qu'elle puisse développer sa créativité. Son père, quant à lui, était également artiste mais avait choisi la photographie comme moyen d'expression. Après avoir essayé différents médiums (peinture, photographie...), la sculpture s'est imposée naturellement à elle comme une évidence. A l'âge de 16 ans, Soâne expose pour la première fois mais ayant encore peu d'expérience et n'étant pas préparée à se lancer dans cette voie, elle ne réitéra pas l'expérience tout de suite, et continua à créer pour son cercle familial, tout en travaillant à côté.

Sa grossesse fût un événement déterminant dans sa vie artistique. En effet, durant cette période elle dut interrompre momentanément son activité, et c'est à ce moment là qu'elle prit la décision de changer radicalement de voie et de se réorienter vers la sculpture professionnelle. Entièrement autodidacte, c'est grâce à des années d'expérimentation que Saône a acquis une solide expérience technique.

Lors de la réalisation de sa première sculpture monumentale, Arzac, elle fit une rencontre déterminante pour son évolution artistique. A l'époque, elle tâtonnait afin de trouver la meilleure technique pour solidifier le plus possible ses sculptures monumentales. Lors d'une pause, un incident s'est produit. Elle entendit un grand "crac" et a vu sa sculpture s'effondrer sur le sol, un des montants en bois soutenant sa structure avait cédé. Effondrée par cet incident, elle entreprit des recherches sur internet et se tourna vers la résine, matériau qu'elle n'avait encore jamais utilisé. Elle décida alors de contacter, sans grande conviction, Pascal Rosier, spécialiste du moulage et de la résine, pour essayer d'avoir quelques conseils. A sa grande surprise, il lui répondit dans la foulée en la conseillant et en lui envoyant des produits adéquates pour sauver Arzac! Il continue encore aujourd'hui à la suivre et à répondre à ses questions. C'est donc grâce à cette rencontre que Saône a pu créer sa première pièce monumentale.

Et les chevaux dans tout ça?! Saône a découvert les chevaux vers l'âge de 5 ans. Elle pratique tout d'abord l'équitation dans un centre équestre, en passant du loisir à la compétition, notamment en CSO et CCE. Comme elle nous l'explique: " C'est en devenant propriétaire et en ramenant mon cheval à la maison que j'ai réellement découvert la vraie puissance et la profondeur de cette relation, bien au delà de la performance ou du travail monté. La relation au cheval a toujours fait partie de ma vie." C'est alors tout naturellement que l'on retrouve les chevaux dans ses créations artistiques. Elle a aujourd'hui chez elle deux Irish Cob de 6 ans, récupérés dans un état déplorable il y a deux ans.

Même dans sa manière de créer, la sculpteur reste atypique. Elle ne commence que très rarement par la phase de croquis ou maquette, phase pourtant incontournable pour de nombreux artistes! La plupart du temps, elle se lance à "main levée" ayant déjà à l'esprit une image très précise de l'allure et du rendu qu'elle souhaite obtenir. La création d'une sculpture nécessite plusieurs phases. La première est la réalisation d'une structure en bois basée sur la structure osseuse du cheval, à savoir une section par articulation, ce qui lui permet de modifier le mouvement tout en gardant des proportions exactes. La deuxième phase est la mise en volume. Elle utilise pour cette phase du papier journal, et non de la résine comme de nombreux artistes, ce qui rend l'exercice plus long et laborieux mais moins polluant. Vient ensuite la phase de la résine stratifiée, qui est un feuilletage de plusieurs couches de fibres de verre imprégnées de résine polyester, puis les dernières étapes: la pose de l'enduit, le ponçage et la peinture.

Saône a fait le choix de la couleur bleue qui représente pour elle " la couleur du rêve, de l'immatériel". Elle nous explique aussi que "son rendu éthéré contraste avec les formes massives et puissantes des chevaux". Concernant la taille de ses modèles, la majorité de son travail se porte sur des sculptures monumentales (en moyenne Hauteur 200cm x Longueur 350cm x largeur 120 cm) et sur de petits modèles (en moyenne Hauteur 35cm x Longueur 40cm x largeur 12cm).

"La sculpture est pour moi un art qui doit être vivant, faire appel à plusieurs sens". Le premier sens stimulé par une oeuvre reste la vue, mais une sculpture, notamment monumentale, doit également mettre en éveil le toucher et inviter le spectateur à la toucher. Comme nous l'explique Saône une sculpture doit "susciter l'envie d'y poser la main, d'explorer une façon de rentrer en contact avec le sujet". C'est dans cette approche qu'un nouveau projet est en train de voir le jour. Il s'agit de placer des enceintes au sein des sculptures monumentales qui diffuseront le son des battements de cœur du cheval, afin d'intégrer l’ouïe dans cette expérience sensorielle. Ce projet sera mis en place pour la première fois lors de l'exposition "Jardin des Arts" à Châteaubourg.

Vous pouvez retrouver Saône de Stalh et ses sculptures, dès cette semaine, lors du Crazy Ride à Fontainebleau qui se tiendra du 18 au 22 mars. Vous pourrez également la retrouver dans les mois à venir à Châteaubourg, du 1er mai au 15 septembre; à Batz sur Mer du 12 juin au 15 juillet et très certainement aux 4 étoiles de Pau. Elle a également un site internet très riche http://saonedestalh.com/index.html.

A la question que pouvons-nous vous souhaiter pour l'avenir? Saône répond: "Continuer à exposer, car c'est la suite logique de la vie d'une oeuvre: sortir de l'atelier et toucher le public, et pourquoi pas à l'étranger en 2016!".